Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/468

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damnaient à vivre toujours renfermés sans communiquer avec le reste de la société, occupés de méditations aussi tristes qu’inutiles et chimériques, vivant durement, s’exténuant, épuisant saintement toutes les forces du corps et de l’esprit pour être plus agréables à l’Éternel, n’étaient point aux yeux de la religion, comme ils le sont aux yeux de la raison, des extravagants pour qui les îles d’Anticyre ne fourniraient pas assez d’ellébore, mais de saints hommes que la grâce avait élevés à la perfection, et à qui la Divinité réservait dans le Ciel une place d’autant plus élevée, que ce genre de vie était plus sublime. Des filles simples et crédules, ridiculement embéguinées, chantant la nuit, non de jolies chansons, mais de sottes hymnes qu’elles n’entendaient heureusement pas ; priant et méditant dans la retraite, quelquefois même se flagellant ; tenant leur virginité sous la garde de grilles et de verroux qui ne s’ouvraient qu’à la lubricité d’un directeur, n’étaient point aux yeux des prêtres des têtes faibles frappées d’un délire habituel, que l’on séquestrait de la société, comme les autres folles de nos hôpitaux, mais de saintes filles qui avaient voué à Dieu leur virginité, et qui, à force de jeûnes, de privations et surtout d’oisiveté, arrivaient à un état de perfection, qui les plaçait au dessus du rang qu’elles eussent occupé au Ciel si, remplissant le vœu de la Nature, elles fussent devenues mères et eussent élevé des enfants pour la défense de la patrie.

Elles avaient renoncé aux affections les plus tendres qui lient les hommes entre eux, et, conformé-