Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/469

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ment à la doctrine chrétienne, elles avaient quitté père, mère, frères, sœurs, parents, amis, pour s’attacher à l’époux spirituel ou à Christ, et s’étaient ensevelies toutes vivantes pour ressusciter un jour avec lui, et se mêler au chœur des vierges saintes qui peuplent le paradis. Voilà ce qu’on appelait les âmes privilégiées, et le crime de notre révolution est d’avoir détruit aussi ces privilèges, et rendu à la société ces malheureuses victimes de l’imposture des prêtres. On n’élève pas la voix contre les bourreaux qui les avaient précipitées dans ces horribles cachots, dans ces bastilles religieuses, mais bien contre le législateur humain qui les en a tirées, et qui a fait luire aussi la liberté dans ces tombeaux où la superstition enchaînait l’âme sensible, mais peu éclairée, qu’elle avait séduite. Tel est l’esprit de cette religion ; telle est la perfection ou plutôt la dégradation où elle amène notre espèce ; car, je le répète, ceci n’est point un abus, mais une conséquence de ses dogmes. Aussi l’auteur de la légende de Christ, faisant parler son héros, lui met dans la bouche cette phrase : « En vérité, je vous le dis, personne ne quittera pour moi et pour l’Évangile, sa maison, ses frères, ses sœurs, son père, sa mère, ses enfants et sa terre, que présentement et dans le siècle à venir il n’en reçoive cent fois autant. » Que de malheureux cette fausse morale a conduits dans la solitude et dans les cloîtres !

Le mariage est présenté par l’Évangile comme un état d’imperfection, et presque comme une tolérance