Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/478

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digne de l’exécration des autres, toutes les fois qu’il n’obéit pas aux conseils que lui donne la charité chrétienne, souvent la plus mal entendue ? C’est cependant ce qui est enseigné dans ces livres merveilleux qu’on nomme évangiles, où l’on nous enjoint de reprendre notre frère, d’abord seul et sans témoins ; s’il ne vous écoute pas, de le dénoncer à l’Église, c’est-à-dire, au prêtre ; et s’il n’écoute pas l’Église, de le traiter comme un païen et comme un publicain. Combien de fois n’a-t-on pas cruellement abusé de ce conseil dans les persécutions, soit secrètes, soit publiques, exercées au nom de la religion et de la charité chrétienne, contre ceux à qui il est échappé quelques faiblesses, ou plus souvent encore contre ceux qui ont eu assez de philosophie pour s’élever au-dessus des préjugés populaires ! C’est ainsi que l’amour pour la religion, et qu’un prosélytisme mal entendu, rendent l’homme religieux l’espion des défauts d’autrui. Sous prétexte de gémir sur les faiblesses des autres, on les publie, on les exagère, on est médisant et calomniateur par charité ; et les crimes souvent qu’on impute à autrui ne sont que des actes de sagesse et de raison que l’on travestit sous les noms les plus odieux. Que j’aime bien mieux ce dogme de Fo, qui recommande à ses disciples de ne pas s’inquiéter des fautes des autres ! Ce précepte tient à la tolérance sociale, sans laquelle les hommes ne peuvent vivre ensemble heureux. Le Chrétien, au contraire, est intolérant par principe de religion, et c’est de cette intolérance, je dirais constitutionnelle dans l’organisation de cette