Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/477

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empêche l’homme de sentir ce qu’il vaut, et qui le dégrade à ses propres yeux ; car l’humilité chrétienne, si elle n’est pas la modestie, n’est qu’une absurdité ; et si elle n’est que la modestie, elle rentre dans la classe des vertus dont toutes les philosophies anciennes ont recommandé la pratique.

Il en est de même du précepte de l’abnégation de soi-même, si fort recommandée par cette religion ; précepte dont je suis encore embarrassé de deviner le sens. Veut-on dire que l’homme doit renoncer à sa propre opinion quand elle est sage, à son bien-être, à ses désirs naturels et légitimes, à ses affections, à ses goûts, à tout ce qui contribue à faire ici-bas son bonheur par les jouissances honnêtes, pour s’anéantir dans une apathie religieuse ? Ou bien conseille-t-on à l’homme de renoncer à l’usage de toutes ses facultés intellectuelles, pour se livrer aveuglément à la recherche de vertus chimériques, aux élans de la contemplation, et aux exercices d’une vie religieuse, aussi pénible pour nous, qu’infructueuse pour les autres ? Mais laissons aux docteurs de cette secte le soin d’expliquer ce précepte d’une morale aussi énigmatique ; n’examinons point dans ces dogmes ce qui est simplement absurde, mais ce qui est infiniment dangereux dans ses conséquences et funeste aux sociétés.

Est-il un dogme plus détestable que celui qui constitue chaque citoyen censeur amer de la conduite de son voisin, et qui lui ordonne de le regarder comme un publicain, c’est-à-dire, comme un homme