Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/484

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évangéliques donnés aux âmes privilégiées ; c’est le droit commun par lequel sont rigoureusement régis tous les fidèles. Voilà ce qu’on appelle la religion de ses pères, dans laquelle on veut vivre et mourir, et sans laquelle il n’y a plus d’ordre à attendre ni de bonheur pour les sociétés. Le grand crime de la révolution est d’avoir voulu renverser ce grand édifice d’imposture, à l’ombre duquel tous les abus et tous les vices ont tranquillement régné.

Voilà ce qui a armé le fanatisme contre la liberté républicaine ; voilà la source première de tous nos malheurs ; enfin voilà la religion des honnêtes gens, c’est-à-dire, de ceux qui n’en eurent jamais aucune, et qui ne voient dans ce nom qu’un mot de ralliement pour tous les crimes.

Le même génie qui a abusé de la dénomination de crimes en la donnant aux actions les plus simples et les plus innocentes, a créé des vertus chimériques, qui se sont placées sur la même ligne que les vertus réelles, et qui ont souvent obtenu sur elles la préférence, comme nous l’avons déjà observé plus haut : de là est née une confusion de toutes choses qui a perverti la véritable morale, et qui lui en a substitué une factice sous le nom de morale chrétienne. Bientôt le peuple a cru que des actes de dévotion étaient des vertus, ou qu’ils pouvaient en tenir lieu ; il s’est dispensé des vertus sociales dès qu’il a cru qu’il lui suffisait d’avoir les vertus religieuses : ainsi la morale religieuse a détruit la morale naturelle.

C’est à leurs bonzes que les Chinois attribuent la