Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/489

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précepte absurde, que s’il s’agissait d’enfreindre la loi la plus inviolable et la plus sacrée pour tout homme probe et vertueux.

Du dogme ou de la croyance aux récompenses et aux peines de l’autre vie, il n’en devrait résulter qu’une conséquence, la nécessité de vivre vertueux ; mais on ne s’est pas borné là : on a imaginé qu’on pourrait éviter les punitions et mériter les récompenses de la vie future par des pratiques religieuses, par des pèlerinages, des austérités, qui certes ne sont pas des vertus : de là il arrive que l’homme attache autant d’importance à des pratiques superstitieuses et puériles, qu’il en devrait attacher à des vertus réelles et aux qualités sociales. D’ailleurs, la multiplicité des devoirs qu’on lui impose en affaiblit le lien, et souvent le force à se méprendre. S’il n’est pas éclairé, il se trompe presque toujours, et il mesure les choses sur le degré d’importance qu’on a paru y mettre ; il est à craindre surtout que le peuple (car c’est le peuple qui est religieux), quand il a une fois franchi la ligne des devoirs qu’il regarde comme sacrés, n’étende le mépris qu’il a fait d’une prohibition injuste et ridicule sur une autre qui ne l’est pas, et qu’il ne confonde dans la même infraction les lois dont le législateur a commandé l’observation sous les mêmes peines, et qu’il se croie dispensé des vertus qu’on appelle humaines, c’est-à-dire des véritables vertus, parce qu’il a abandonné les vertus religieuses qui avaient un caractère sacré, c’est-à-dire de véritables chimères. Il a sans doute lieu de