Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/492

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Aussi voyons-nous tant de Chrétiens qui se permettent tout, parce qu’ils en sont quittes pour aller à confesse, et pour manger ensuite la gaufre sacrée. Une fois qu’ils ont obtenu du prêtre leur absolution, ils croient pouvoir prétendre à cette noble confiance qui caractérise l’homme sans reproches.

Les Madegasses pensent que, pour obtenir le pardon de leurs fautes, il suffit de tremper une pièce d’or dans un vase rempli d’eau, et d’avaler ensuite l’eau. C’est ainsi que la religion, sous prétexte de perfectionner l’homme, lui a fourni un moyen d’étouffer le remords que la Nature a attaché au crime, et qu’elle l’a encouragé dans ses écarts en lui laissant l’espoir de rentrer quand il veut dans son sein, et de se ressaisir des flatteuses espérances qu’elle donne, pourvu qu’il remplisse certaines formalités religieuses.

Le sage Socrate l’a bien senti, lorsqu’il nous a peint l’homme injuste, qui se rassure contre la crainte des supplices du Tartare en disant qu’on trouve dans l’initiation des moyens sûrs pour s’en affranchir. On nous effraie, dit l’apologiste de l’injustice, par la crainte des supplices de l’enfer. Mais qui ignore que nous trouvons un remède à cette crainte dans les initiations ? qu’elles sont pour nous d’une ressource merveilleuse, et qu’on y apprend qu’il y a des dieux qui nous affranchissent des peines dues au crime ? Nous avons commis des injustices, sans doute, mais elles nous ont procuré de l’argent. On nous dit que les dieux se laissent gagner par des prières, des sa-