Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/493

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crifices et des offrandes. Eh bien ! les fruits de nos vols nous fourniront de quoi les apaiser. Que d’établissements religieux, que de temples ont dû leur fondation, du temps de nos pères, à une semblable opinion ! Que d’édifices sacrés qui tirent leur origine de grands crimes qu’on a cherché par là à effacer dès l’instant que des brigands décorés ou enrichis se sont crus libres envers la Divinité, en partageant avec ses prêtres les dépouilles des malheureux ! C’est ainsi qu’ils ont prétendu faire perdre le souvenir de leurs forfaits parmi les hommes, par des dotations pieuses qu’ils ont cru propres à les faire oublier aux dieux même qui en devaient être les vengeurs. Ce n’est plus alors un brigand chez les Chrétiens.

« Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère

Alidor à ses frais bâtit un monastère….

C’est un homme d’honneur, de piété profonde,

Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. »

(BOILEAU, Satires, 9, v. 163.)

Nos premiers rois fondèrent un grand nombre d’églises et de monastères pour effacer leurs crimes ; car on croyait que la justice chrétienne consistait à élever des temples et à nourrir des moines, dit l’abbé Velly.

Toutes les religions ont eu leurs lustrations, leurs expiations et leurs indulgences, dont l’effet prétendu était de faire oublier aux dieux les crimes des mortels, et conséquemment d’encourager ceux-ci à en commettre de nouveaux, en affaiblissant la crainte que pouvait leur inspirer la fiction du Tartare.