Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/495

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sauver du fatal bourbier ; car le peuple est toujours la pâture des prêtres, et sa crédulité leur plus riche patrimoine.

Nous voyons dans Démosthène, que la mère d’Eschine vivait de ce métier, et qu’elle en joignait les petits profits à ceux de ses prostitutions. Théophraste peignant le caractère du superstitieux, nous le représente tel que nos dévots scrupuleux, qui vont souvent à confesse. Il nous dit qu’il est fort exact à visiter, sur la fin de chaque mois, les prêtres d’Orphée, qui l’initient à leurs mystères ; qu’il y mène sa femme et ses enfants.

On trouve à la porte de la mosquée d’Aly, à Meseched- Aly, des derviches qui offrent leurs prières aux pèlerins pour une petite somme d’argent. Ils épient surtout le pauvre crédule et superstitieux, pour lui vider sa bourse au nom de la Divinité : nos diseurs d’évangiles en font autant. Ils récitent des évangiles, en Orient, sur la tête d’un Musulman malade, pourvu qu’il les paie ; car les Orientaux, dans leurs maladies, s’adressent aux Saints de toutes les religions.

L’invocation d’Omyto, chez les Chinois, suffit pour purifier les plus grands crimes : de là vient que les Chinois de la secte de Fo ont continuellement dans la bouche ces mots : O-myto-Fo ! au moyen duquel ils peuvent racheter toutes leurs fautes ; ils se livrent ensuite à leurs passions, parce qu’ils sont sûrs de laver toutes leurs taches au même prix. Je suis étonné que le jésuite missionnaire qui raconte ces faits, n’ait pas remarqué que le O bone Jesu ! et le