Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/497

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cours de l’homme coupable, ont perverti la morale naturelle, la seule qui soit vraie, et qui ont détruit l’effet qu’on attendait des institutions religieuses, et surtout de la fable du Tartare et de l’Élysée ; car c’est affaiblir la morale que d’affaiblir la voix impérieuse de la conscience ; c’est surtout à la confession et aux vertus qu’on y attache qu’on doit faire ce reproche. La nature a gravé dans le cœur de l’homme des lois sacrées qu’il ne peut enfreindre sans en être puni par le remords : c’est là le vengeur secret qu’elle attache sur les pas du coupable. La religion étouffe ce ver rongeur lorsqu’elle fait croire à l’homme que la Divinité a oublié son crime, et qu’un aveu fait aux genoux du prêtre imposteur le réconcilie avec le Ciel qu’il a outragé. Et quel coupable peut redouter sa conscience quand Dieu même l’absout ?

La facilité des réconciliations n’est pas le plus sûr lien de l’amitié, et l’on ne craint guère de se rendre coupable quand on est toujours sûr de sa grâce. Le poète arabe, Abu Naovas, disait à Dieu : « Nous nous sommes abandonnés, Seigneur, à faire des fautes, parce que nous avons vu que le pardon suivait de près. » En effet, le remède qui suit toujours le mal empêche de le redouter, et devient un grand mal lui-même.

Nous en avons un exemple frappant dans le peuple qui va habituellement à confesse sans devenir meilleur. Il oublie ses fautes aussitôt qu’il est sorti de la guérite du prétendu surveillant des consciences. En déposant aux pieds du prêtre le fardeau des re-