Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/499

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fameux Lysandre, le pressait par des questions imprudentes. Lysandre lui demanda s’il parlait en son nom ou au nom de la Divinité. Le Koës lui répondit que c’était au nom de la Divinité. Eh bien ! répartit Lysandre, retire-toi ; si elle m’interroge, je lui dirai la vérité. C’est la réponse que tout homme sage devrait faire à nos modernes Koës ou confesseurs, qui se disent les organes de la clémence et de la justice divine, si tant il est qu’un homme sage puisse se présenter à ces espions des consciences, qui se servent de la religion pour mieux abuser de notre faiblesse, tyranniser notre raison, s’immiscer dans nos affaires domestiques, séduire nos femmes et nos filles, tirer le secret des familles, et souvent les diviser pour s’en rendre les maîtres ou les dépouiller.

Au reste, les Anciens ne portaient pas aussi loin que nous l’abus de ces sortes de remèdes : il y eut certains crimes qu’ils privèrent du bienfait de l’expiation, et qu’ils livrèrent aux remords et à la vengeance éternelle de leurs dieux.

Rien de plus ordinaire, en effet, que de voir les Anciens donner à certains crimes l’épithète d’irrémissibles, et de crimes que rien ne saurait expier. On écartait des sanctuaires d’Éleusis les homicides, les scélérats, les traîtres à la patrie, et tous ceux qui étaient souillés de grands forfaits : d’où il résultait qu’ils étaient aussi exclus de l’Élysée et plongés dans le noir bourbier aux enfers. On établit des purifications pour l’homicide, mais pour l’homicide involontaire ou nécessaire. Les anciens héros, lorsqu’ils