Page:Dupuy - Les Parques, 1884.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
les parques

C’est le vautour rongeant le foie impérissable.
Notre œil voit des hauteurs où n’aspire aucun vol,
Mais notre pied de plomb s’embourbe dans le sol,
Et notre élan se brise au mur infranchissable.
Pris dans le double étau de l’espace et du temps,
Nous rêvons de dresser l’escalier des Titans,
Et notre effort déplace à peine un grain de sable.



L’amour, folie atroce ou mirage moqueur !
Un corps passe, nos sens tressaillent, notre cœur
S’enivre d’un regard, d’un mot, d’une attitude.
L’instinct contrarié surgit en passion,
Le rut brutal se tourne en adoration,
Sous le nom de beauté nous cherchons l’aptitude.
Déçus, la jalousie aux entrailles nous mord ;
Élus, l’apaisement nous détache, ou la mort
Fait saigner les liens de chair de l’habitude.



Mais la science auguste et ses calmes propos ?
C’est un lit de torture, et non pas de repos
Qu’étend sous nos douleurs sans nombre la pensée.