Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/76

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sus de l’encens. » Il y a encore une autre considération à faire relativement à l’encensoir, comme nous en avons touché un mot dans le chapitre de l’Arrivée du Pontife à l’autel.

IV. L’évêque ou le prêtre encense une seconde fois l’autel déjà encensé, pour montrer que le Christ est en même temps autel et hostie, pontife et prêtre ; c’est à lui qu’on offre le sacrifice, parce qu’on l’adore, non-seulement en tant que Dieu, mais aussi en tant qu’homme. C’est pourquoi, dans certaines églises, après avoir encensé le pontife, le diacre encense tout le tour de l’autel, ce qui a fait dire au Psalmiste : « Seigneur, j’entourerai ton autel. » L’encensoir d’or signifie la sagesse, parce que tous les trésors de la sagesse de Dieu furent cachés dans le Christ. De là vient que l’ange se tint debout auprès de l’autel, ayant un encensoir d’or, et qu’on lui donna de l’encens pour le garnir ; c’est-à-dire que le Christ, par sa résurrection, a pris pouvoir de la chair. L’argent signifie la chair du Christ, pure de toute faute, et brillante de chasteté ; le cuivre, sa fragilité et sa nature mortelle ; le fer, la force qui l’a fait ressusciter. Si l’encensoir a quatre chaînettes, il démontre que le Christ est composé de quatre éléments ou orné de quatre vertus, qui sont : la justice, la prudence, la force et la tempérance. La cinquième chaînette, qui passe au milieu des autres, désigne l’ame qui, pendant trois jours, se sépara de la chair. Si l’encensoir a trois chaînettes, il figure l’ame, la chair et le Verbe unis en une seule personne. La quatrième chaînette, qui sert de séparation, est la puissance qui a été donnée au Christ de donner sa vie pour ses brebis. Si l’encensoir n’a qu’une chaînette, il marque que seul le Christ est né d’une vierge, et que seul il n’a pas été soumis à l’esclavage de la mort. L’anneau, auquel se rattachent toutes ces chaînettes, c’est la divinité du Christ, qu’aucune limite ne clôt, qui contient et qui opère toutes choses.

V. En outre de la raison mystique, on encense aussi l’autel pour en écarter toute la malice des démons. Car on croit que la fumée de l’encens a le pouvoir de mettre en fuite les dé-