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Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/14

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nuels (diutinœ) ont reçu leur nom de prime, tierce, sexte et none, et non des autres heures, afin que par elles nous nous acquittions du service de Dieu, parce qu’on rapporte dans l’Evangile que ce fut à ces heures-là que sortit le père de famille pour louer des ouvriers pour travailler à sa vigne, qui signifie la sainte Eglise.

VII. Il y en a encore qui disent que la coutume de chanter tierce, sexte et none, vient du prophète Daniel, qui, sachant que Nabuchodonosor avait élevé une statue qu’il avait ordonné à tous ses sujets d’adorer, se retira dans sa maison, et, ouvrant les fenêtres trois fois par jour, fléchissait les genoux, en se tournant vers Jérusalem ; ce que saint Jérôme expliquant, il dit que c’est de là que vient la tradition ecclésiastique de fléchir trois fois le genou pendant le jour, c’est-à-dire à tierce, à sexte et à none.

VIII. Dans les mêmes heures, nous devons aussi louer la bienheureuse Vierge, à savoir : à nocturne ou à matines, parce que c’est à cette heure que paraît dans le ciel une étoile que l’on nomme tramontane (transmontana)[1], laquelle fait arriver les matelots au port. La bienheureuse Vierge aussi est cette étoile tramontane ; et si nous, qui sommes dans ce siècle, nous la louons dignement, elle nous conduira au port du salut. Nous devons la louer à prime, parce qu’alors paraît une étoile appelée Diane[2], que suit le soleil. La bienheureuse Vierge aussi est cette étoile appelée Diane, elle qui a porté le vrai soleil, c’est-à-dire le Christ, qui éclaire le monde entier. De même à tierce, parce qu’à cette heure nous avons coutume d’avoir faim ; et c’est la Vierge qui nous a apporté le vrai pain, c’est-à-dire le Christ, qui renferme tout rassasiement. Il en est de même à sexte, parce qu’alors le soleil a plus d’ardeur et de chaleur ; et nous devons alors louer la Vierge et la prier de

  1. Ou étoile polaire.
  2. D’où l’expression battre ou sonner la Diane ; c’est le réveil militaire que l’on bat ou que l’on sonne dans les camps, au point du jour.