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Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/32

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cette joie n’est que goûtée d’avance, et ne peut être ni entièrement exprimée, ni entièrement passée sous silence. C’est pourquoi l’Eglise, avec raison, laisse de côté les paroles et passe au neume, tombant pour ainsi dire en admiration ; car, si elle prononçait des paroles, quelle voix, quelle parole pourrait rendre ce qu’elle éprouve ? Car les paroles ne suffisent pas, l’intelligence ne saisit pas, l’amour même ne peut exprimer ce sentiment. Qui pourrait raconter dans sa plénitude ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’a pas pénétré dans le cœur de l’homme ? On rend donc par le neume, plus expressément que par des paroles, l’immensité de cette joie céleste où les paroles cesseront et où les hommes connaîtront tout. Mais, comme la jubilation dans les grandes solennités n’est le partage que de ceux qui sont parfaits, et que les plus âgés ne se réjouissent pas autant que les plus jeunes, c’est pourquoi, dans certaines églises où le neume ne se dit pas, la voix non significative est remplacée par la voix significative ; car, au lieu de la jubilation et du neume, on chante des tropes et des séquences, où tous, petits et grands, sont admis ; et voilà pourquoi elles sont chantées par tous. En quelles antiennes dit-on le neume ou la jubilation, et pourquoi de préférence dans le temps pascal ? C’est ce que nous verrons au chapitre de Laudes et de Matines. Or, la jubilation a diverses significations et se pratique souvent en divers endroits dans le même répons, comme nous le verrons dans la sixième partie, en parlant de Noël. Nous avons déjà parlé du neume qui se fait à l’Alleluia, dans la quatrième partie, au chapitre de l’Alleluia. Nous dirons de même dans quelles antiennes on dit Alleluia, dans la partie suivante, en traitant de la fête de Noël.

XXXIll. Et remarque que neuma, neumœ, sans p, et au genre féminin, c’est le jubilus dont nous avons parlé. Mais pneuma en grec, écrit par un p, et au genre neutre, signifie le Saint-Esprit ; cependant l’un et l’autre, dans les Ecritures, est souvent pris au féminin. Les neumes qui ont lieu à la messe