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Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/66

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réjouir dans le Seigneur, et de chanter en son honneur, en disant : Quoniam Deus magnus, etc. ; et, enfin, on en donne un dernier motif, c’est-à-dire pour ne pas nous montrer ingrats comme les Juifs, qui, à cause de leur ingratitude et de leur méchanceté, n’entrèrent pas dans la terre de promission ; d’où vient que l’on dit dans ce psaume : « Ils n’entreront pas dans le lieu de mon repos » (q., d. Non).

XI. Or, on dit l’invitatoire à haute voix, comme si par là notre mère l’Eglise invitait les hommes à confesser le Seigneur, d’après ces paroles : « Venez, mes fils, entendez ma voix ; » ce que signifie le second verset : Prœoccupemus, etc. De là vient que dans certaines églises les fidèles, qui, avant matines, vont se prosterner pour prier devant chacun des autels de l’église, entrent au chœur aussitôt qu’ils entendent chanter ces mots : Venite, exultemus, « Venez, réjouissons-nous ; » car l’invitatoire, lorsqu’il commence, est comme le hérault public, comme la trompette qui fait retentir ses sons. On prélude d’abord dans l’invitatoire, en chantant à voix basse, puis quand on arrive au psaume la voix devient éclatante, parce que l’Eglise commence par louer Dieu secrètement, et comme les portes fermées, quand elle s’adresse à Dieu lui-même ; mais ensuite elle le loue ouvertement et à haute voix, pour les fidèles, afin qu’un zèle ardent enflamme les assistants. De là vient que dans les grandes solennités l’invitatoire commence à voix très-basse ; mais quand on arrive au verset Hodie si vocem ejus, etc., « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, etc., » on élève la voix, afin que s’il se trouve quelque cœur endurci il ne s’excuse pas sur ce qu’il n’a pas entendu la voix de l’Eglise ; d’où cette parole d’Isaïe : « Elève ta voix, et qu’elle retentisse comme une trompette. » On commence encore à voix basse, pour marquer que dans la primitive Eglise on invitait secrètement le peuple à la foi et à honorer le Christ ; on élève ensuite la voix, pour montrer qu’aujourd’hui on invite, on prêche, on adore en toute liberté.