Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais Joachim, heureux de la trêve que lui avaient faite ses préparatifs de départ, se garda bien de heurter sa femme, de sorte que la vicomtesse ne fut pas trop contente et accusa M. du Quesnoy de l’avoir entraînée à une fausse démarche. Il répondit que puisqu’elle avait été bien reçue, il n’y avait point à se fâcher.

Enfin le dîner eut lieu ; la baronne, les Ballot, d’autres parents moins proches, et le personnel de l’ambassade, y furent réunis. Et deux jours après, M. du Quesnoy partait.

Au dernier moment, il adressa à sa femme un petit discours :

— Si mon poste avait dû me retenir plus longtemps éloigné, je vous aurais priée de m’accompagner, dit-il, mais pour trois mois, il serait inutile de vous déranger, de disloquer notre installation de Paris.

Je n’ai pas besoin de vous rappeler que j’ai la plus grande confiance dans vos sentiments de devoir et que je sais que je vous retrouverai la plus honnête femme de Paris, comme maintenant, comme toujours.

Puis il s’éloigna, ravi de la componction, de la docilité avec laquelle sa femme s’était laissé haranguer.

Françoise, distraite, pensait à une lettre qu’elle avait reçue la veille et qui était renfermée à triple serrure dans son petit meuble à écrire. Et tandis que Joachim parlait, elle était en proie à l’obsession de cette lettre qu’elle se récitait mentalement tout entière :

« Madame, c’est avec une grande crainte que je me suis décidé à vous adresser cette lettre, la crainte que