Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/14

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M. Ninart avait une attitude modeste et grave, et il répliqua d’un ton rapide, comme pour ne pas appuyer sur de telles choses : Ce n’est pas de mon argent, c’est celui de mes clients mais dans huit jours il sera remplacé. J’ai un projet dont nous reparlerons. Allons, voici des bons sur divers banquiers. Avant midi vous aurez payé votre dette.

— Allez, allez, ne perdez pas de temps, ajouta-t-il après lui avoir fait signer une reconnaissance.

M. du Quesnoy pressa l’homme d’affaires dans ses bras. Ivre de joie, il courut toucher ses bons. Et avant midi, comme le lui avait dit M. Niflart, il avait payé sa dette de jeu. Le soir tout le monde parla de cet événement dans les salons. Depuis longtemps il n’y avait eu une aussi forte perte à Paris. Du reste, c’était moins le chiffre du désastre que la rigide exactitude du paiement dont on s’occupait, car cette exactitude est en général une pierre de touche pour apprécier la fortune des gens.

Allart se trouva dans une maison, où, comme partout, il en fut question. Mais là, après les éloges accordés à la force d’âme et à l’exactitude de M. du Quesnoy, on supputa sa situation.

Sa fortune propre devait être ébréchée.

On parla aussi du dessein qu’avait M. du Quesnoy de la rétablir en obtenant quelque haut emploi diplomatique, et on finit par tourner quelque peu vers la raillerie en déclarant qu’il n’avait peut-être plus qu’une voie à tenter : celle de la fabrication des vaudevilles. On se moqua même tout à fait d’une pièce qu’il avait fait jouer, sans succès, au Palais-Royal, et la carrière