Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/162

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dont le confessionnal devenait célèbre et était à la mode.

Françoise y alla et ne le trouva pas le premier jour. Pendant vingt-quatre heures elle fut tout entière suspendue à l’espoir, à l’attente du bien qu’elle en retirerait. Elle-même en arriva à se tenir des discours religieux et à se calmer par là, un peu.

Après avoir attendu son tour à l’église, à l’heure qu’on lui avait indiquée, elle vint s’agenouiller sous le petit dôme sombre en bois. On ne pouvait voir la physionomie du confesseur enseveli dans l’ombre derrière un étroit guichet.

Au moment où elle ouvrit la bouche pour dire : Mon père, une voix sourde, menaçante, âpre, s’écria avec un mépris écrasant : Vous venez pour vos amants, n’est-ce pas ? eh bien, combien en avez-vous ? de quelles impuretés avez-vous à vous accuser ?

L’interrogation continuait par les plus cruelles brutalités.

— Oh ! mon père ! s’écria Françoise en se relevant épouvantée. Et elle se retira vivement, emportée par une terrible impression, tandis que la sonnette appelait de son tintement précipité et aigu un autre pénitent.

Nul discours, nul sermon n’aurait pu produire sur Françoise l’effet décisif de ce féroce mépris qui violentait la femme jusque derrière ses derniers voiles.

Non, jamais Françoise ne s’exposerait à mériter pareille question, pareil soupçon, pareil mépris, pareille menace. Françoise se redressa et se promit : jamais un homme ne pourra dire qu’il est mon amant.