Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/167

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presque exaltée, pleine de tendresse, de gravité et de retours câlins.

— Vous m’avez laissée bien longtemps loin de vous, homme méchant, lui dit-elle, qu’avez-vous fait, qui avez-vous vu ?

Quand il se fut expliqué, il avait l’intention de ne point revenir sur ce qui s’était passé, mais elle lui dit qu’elle avait enfin trouvé une consolation dans la vie, un point d’appui ; qu’elle pouvait honorablement l’aimer, envisager d’un front ferme les difficultés, les erreurs même de l’existence ; qu’elle ne faiblirait plus, qu’elle comptait sur la vie future et accepterait toutes les épreuves ; que jamais elle n’avait été si heureuse. Elle parla beaucoup, avec animation, avec élan. Jamais il ne l’avait vue ainsi.

— Je puis tout supporter de mon mari, dit-elle, et je puis l’appeler mon mari aujourd’hui sans répugnance. Me comprenez-vous ? Je suis entrée dans une autre sphère. Je n’ai plus de réels points de contact avec les gens qui m’entourent. Je les vois avec indulgence. Ils ne me froissent plus.

Mais cela était dit avec une sorte d’emportement, comme pour forcer l’esprit à se convaincre malgré lui.

Allart approuvait tout et se disait : Je suis au comble du bonheur. Quoi de plus divin que de voir la joie de Françoise !

Elle voulut ensuite qu’il lui racontât sa vie. Il l’avait pourtant fait dix fois.

— Vous avez aimé avant de me connaître ? demanda-t-elle.