Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/169

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— Puisqu’elle ne nous plaît ni à l’un ni à l’autre ! ajouta-t-elle.

C’était demander à Philippe un lambeau tout pantelant de son cœur. La chose lui paraissait exorbitante. Il fut près de murmurer contre une exigence si injuste. Cette lettre lui appartenait et était son bien le plus précieux ! Et puis la pensée qu’il n’était cependant rien de plus beau, de plus naturel que de se sacrifier à cette femme le reprit, et il fut vaillant.

— Je vous la rapporterai.

— Oh ! merci, s’écria-t-elle, vous êtes le meilleur des hommes !

Il la relut encore cette lettre avant de s’en séparer. Il eut envie de la copier et repoussa cette idée comme déloyale.

— Voilà donc l’amour, se dit-il, voilà la femme. Elle retire ses témoignages, elle anéantit ses déclarations ; elle refait sans cesse ses testaments.

Il protesta aussitôt lui-même contre ses paroles : N’est-elle pas dans son droit ? Ne faut-il pas qu’elle le fasse ?

Il n’eut cependant pas le courage de la rapporter. Il l’envoya à Françoise avec un petit billet où il lui disait qu’il ne viendrait pas le soir. Il pensait avec quelque chagrin que Mme du Quesnoy allait la brûler. Mais Françoise ne la détruisit pas.

Elle la relut de son côté avec curiosité et le cœur battant, et la serra vivement dans son petit meuble avec toutes les autres d’Allart. Une flamme avait passé devant ses joues et l’avait fait reculer. Elle cachait la lettre pour n’en plus sentir la dangereuse chaleur.