Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/28

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tien que moi dans tout ce qu’il lui plaira d’entreprendre d’honorable.

— Mais qu’êtes-vous, que vous croyez-vous donc ? Vous n’êtes rien. Mon frère n’a pas besoin de votre amitié, et votre hostilité ne peut que lui inspirer de la pitié. Allez, soyez maîtresse d’école pour vous-même…

La vicomtesse eut un rire serré, aigu.

Le choc était très vif. Tantôt pâles, tantôt rouges, les traits presque contractés, l’œil presque cruel, les deux femmes debout, en face l’une de l’autre, frémissaient, faisaient de vains efforts pour se contenir.

— J’aurais voulu le trouver moins ignorant, en effet, de tout ce qui rend un homme digne…

— Eh ! dit la vicomtesse avec l’intention d’être plus insultante encore, vous êtes une visionnaire… Vous ne vous ferez pas une victime intéressante, soyez-en sûre… En vérité, si on vous avait connue, ce mariage ne se serait pas fait…

— Moi seule ai le droit de le regretter, interrompit hautainement Françoise, vous cherchez à m’offenser avec un soin minutieux et inutile. Je ne souffrirai jamais que chez moi on se permette aucune observation sur ce qu’il me convient de faire…

— Vous me mettez à la porte de chez mon frère ? demanda la vicomtesse avec une ironie pleine de fureur.

— Madame, vous avez été très imprudente ce matin, dit Françoise avec une petite inclinaison de tête et en faisant quelques pas pour rentrer dans son salon.

— Je ferai beaucoup rire Joachim en lui racontant