Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/300

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l’assirent dans un fauteuil, inerte, accablée, pendant que quelques sanglots semblaient sourdre encore de sa gorge, comme d’une source qui se tarit.

— Consolez-vous, madame, lui dit à demi-voix le médecin, la blessure n’est pas mortelle. Il vit parfaitement et s’en remettra.

Elle se tourna vers lui et eut d’abord l’air de ne pas comprendre.

— Les soins seront longs, mais je vous garantis qu’il n’y a rien à craindre !

Oh ! cet homme béni qui lui donnait la bonne nouvelle : Elle lui prit les deux mains nerveusement… C’était un sauveur !

— Il vit ! s’écria-t-elle avec un accent à la fois brisé et retentissant. Il vit, il vit répéta-t-elle regardant Allart avidement. Il vit !

Elle eut un sourire éclatant, se pencha vivement sur Allart et l’embrassa doucement, ayant peur de lui faire mal. Puis elle s’empara du linge sanglant, le couvrit de baisers, s’y cacha la figure et pleura de nouveau !

— Oh monsieur ! oh monsieur ! disait-elle, ne pouvant s’exprimer.

Comme elle s’essuyait les yeux, l’abbé Allart arriva. Elle cacha le linge couvert de sang sous son châle, c’était sa relique.

L’abbé était très affligé et paraissait prêt à pleurer, lui aussi.

— Monsieur l’abbé, il vit, lui cria-t-elle triomphalement. Et, comme elle, il se pencha sur le lit pour en avoir le témoignage certain.