Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/301

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— Oui, reprit le médecin, nous n’avons rien à craindre ! Ce sera un peu long, voilà tout.

L’abbé et Françoise regardaient toujours Allart attendant instinctivement un signe de vie.

— Il est donc évanoui ? dit-elle avec anxiété.

— C’est l’état obligé, répondit le médecin, ne vous inquiétez pas.

Alors, elle et l’abbé semblèrent pour la première fois faire attention l’un à l’autre. Le visage de l’abbé exprima beaucoup de surprise. Françoise pouvait maintenant se rendre un peu compte du monde extérieur. Elle rougit et ressentit une nouvelle atteinte, ce n’était pas ici sa place et la surprise de l’abbé demandait : que venez-vous faire ? Presque aussitôt, d’ailleurs, l’abbé qui était un être compatissant, emmena le médecin à l’écart afin de laisser à Françoise le champ libre et de ne pas la troubler…

Mais maintenant, Allart était sauvé : elle était trop heureuse pour que le sacrifice aux convenances fût une peine cruelle. Françoise rabattit son voile, fit une très basse et pourtant indistincte inclination de tête à l’abbé, et, d’un léger signe, appela le médecin qui la rejoignit dans l’antichambre. Elle se sentait tout intime avec ce médecin venu du ciel.

— Priez monsieur l’abbé de bien le soigner, il a l’air si bon. Je voudrais bien savoir à quelle heure il n’y aurait personne ici, dit-elle avec un sourire qui implorait.

– Je viendrai à dix heures du matin, madame, et je tâcherai de vous le faire savoir.