Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/310

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— Ah ! se dit Joachim, elle est chez Mlle Guay !

— Mon pauvre enfant, reprit la baronne, nous voilà enveloppés dans le même malheur, réunis dans la même douleur. Que vous devez me maudire ! Je pleure avec vous.

Elle l’embrassa comme son fils.

Ainsi plaint, Joachim s’attendrit sur lui-même ; il était bien un homme voué à des maux sans pareils. Il pleura aussi.

— Ma chère mère, s’écria-t-il, puis-je penser que vous êtes contente de moi ? — Oui, mon cher fils, dites-moi donc tout, demanda-t-elle avec effort.

Il lui fit un long récit de ses souffrances et de sa vengeance.

— Ah ! je suis outrée, s’écria-t-elle à la fin.

— J’aurais dû tout supporter en silence, et songer à vous épargner. Mais un homme de cœur peut-il transiger ?

— Non, Joachim, non, vous vous êtes bien conduit. Tout le monde vous approuvera et nous approuvera. Il n’a pas été en notre pouvoir de désarmer la Providence, elle nous frappe. Mais ni l’un ni l’autre nous n’aurons pactisé avec l’indignité.

Nous pouvons lever la tête. Si vous saviez de quels témoignages d’amitié je suis entourée, vous verriez que le scandale ne nous effleure même point. Il retombe tout entier sur la tête des coupables. J’aimais beaucoup cette indigne personne. Je l’avais élevée à mon image, je priais le ciel de me la conserver pure, je faisais