Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/56

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Elle s’efforça par fierté de se montrer très calme, mais ses traits avaient été parcourus, soulevés et tordus en un instant par un visible courant de colère et d’affliction humiliée.

Il lui importait peu de ne pas être aimée de M. du Quesnoy, peu même qu’il eût pour maîtresse une femme inconnue ; mais Rose était si près d’elle, tellement unie avec la vicomtesse Ballot, qu’il ne pouvait y avoir là qu’insulte raffinée, préméditée, complot ourdi savamment. Et pendant combien de longues soirées cette femme venant chez elle avait-elle dû la railler, jouir secrètement de son ridicule, avec tant de gens qui devaient être dans le secret ! Et le soir même, Mme  d’Archeranges allait oser venir !

Charles, inquiet, avait baissé la tête. Françoise haïssait d’être en spectacle et d’étaler ses agitations. Elle fit pourtant un retour sur elle-même que personne n’aimait, et une ardente aspiration d’amour, un sourd et oppressant regret se réunissaient dans son sein. Elle aurait voulu à la fois questionner Charles, chasser de sa pensée Rose et Joachim, se défendre contre ce qui la troublait, et s’y laisser aller. Elle ressentait un intérêt plus vif pour le jeune homme, mais comme pour un être faible qui a besoin de secours et de protection, tandis qu’elle aurait désiré elle-même trouver l’appui qu’elle se sentait prête à donner.

Cependant Charles était étonné qu’elle n’eût aucun blâme contre son mari.

— Je ne puis supporter une pareille situation, dit-il, il faut qu’elle ait un terme. Je suis un être très mal-