Page:Duranty - Les Combats de Françoise du Quesnoy.djvu/63

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— Que se passe-t-il donc entre votre femme et le marquis ?

— Comment ! le marquis ? Je ne sais ! Qu’avez-vous vu ? s’écria-t-il avec vivacité.

Il avait la vanité de la fidélité et de la parfaite réputation de sa femme.

— Vous êtes jaloux d’elle ? ajouta Rose. C’est une singulière façon d’être aimable envers moi.

— Ah ! dit Joachim avec impatience, nous nous en occupons trop !

— Voici qu’elle revient. Elle a ôté ses fleurs, elle a eu tort ; vous lui aviez donné là une coiffure charmante.

Joachim ne répondit rien. Il s’apercevait que sa femme tenait dans son existence une place telle qu’il ne pouvait se mouvoir sans s’y heurter. Et jusque-là il lui avait semblé qu’elle ne comptait pas. Une foule d’infiniment petits, insensiblement ramassés, l’assaillaient de tous côtés. Il était d’une humeur exécrable, et, forcé de se contraindre, subissait une véritable torture.

— Vous êtes maussade et ennuyeux, dit Rose ; je vais causer avec M. Allart, qui est plein d’esprit et de gaîté.

— Cette personne présentée par Mme Desgraves ?

— Oui.

Et Rose se dirigea, en effet, vers Allart et Mme Desgraves.

Joachim examina Philippe et ne crut pas à son importance. Allart n’était pas beau. Sa personne et sa tournure avaient une singularité où Joachim ne retrou-