Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/101

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favorable, et le voyage ne reprendra que quand le vent sera venu, et il ne finira que quand le vent, dans ses alternatives capricieuses de va-et-vient, aura soufflé assez longtemps dans la direction voulue pour que le bateau arrive à destination. On reste ainsi en route des jours et des semaines.

Heureusement que Yang-Chau n’est qu’à une faible distance de Ching-Kiang, et que dans le grand canal nous pourrons aller à la corde eu nous passant du vent. Notre bateau, glissant sur le Yang-Tse, atteint bientôt le grand canal ; l’entrée n’en est aujourd’hui marquée par rien de particulier ; le pays est ici très-plat, et les berges du canal se joignent à la berge du fleuve comme s’il s’agissait du dernier cours d’eau ou du dernier fossé. C’est toute une affaire que de pénétrer dans le grand canal et de s’y frayer un passage. Le canal, à son entrée, est littéralement obstrué par un entassement de bateaux amarrés les uns contre les autres pendant plus d’un kilomètre. Parmi les bateaux qui contribuent ainsi à obstruer le canal, et dont l’équipage assez peu bienveillant ne fait absolument rien pour nous faciliter le passage, sont ceux que le gouvernement chinois tient armés pour faire la police du fleuve et