Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/102

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du canal, et courir sus aux pirates. Quelle marine de guerre ! Il n’y a point à s’étonner qu’avec un pareil armement les soldats et les marins chinois, quand ils ont affaire aux Européens, ne commencent tout d’abord par prendre la fuite. Ces bateaux sont plats. ils vont à la rame ; sur le devant ils ont une vieille pièce de canon cerclée, qui serait sans doute fort dangereuse pour les gens qui voudraient l’utiliser. Ce misérable attirail est servi par des mariniers qui ont l’air d’avoir été recrutés parmi la dernière racaille ; à leur visage jauni on devine que leur principal passe-temps est de fumer l’opium.

Sur la partie du canal que nous suivons pour aller à Yang-Chau, le mouvement de la navigation est très-considérable. Ce grand canal, lorsqu’il était en parfait état, devait être quelque chose de vraiment grandiose. Il mettait alors en communication le nord de la Chine avec les provinces riveraines de la mer et toutes celles arrosées par le Yang-Tse. Aujourd’hui le grand canal, comme toutes choses en Chine, a été négligé ; les principaux ouvrages qui au nord étaient nécessaires au maintien de sa navigation sont tombés en ruine ; dans la partie avoisinant le Yang-Tse, où le pays est très-plat, le canal n’a jamais cessé d’être