Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/106

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la chinoise, c’est chose encore assez compliquée. On empile dans des charrettes ses bagages, des vivres, des matelas, des fourrures, et au milieu de tout cela, on se fait un trou tant bien que mal. Le voyage, selon qu’on se hâte plus ou moins, dure deux ou trois jours. Un abominable voyage !

La charrette usitée dans le nord de la Chine pour les voyages, et qui, dans l’intérieur de Pékin, sert de fiacre, est toute petite, absolument sans ressorts, avec des roues ferrées de clous à tête saillante. Les routes de Tien-Tsin à Pékin sont peu ou point frayées, ouvertes, au gré des charretiers, à travers champs, pleines d’ornières, de fondrières, de précipices. La petite charrette, traînée assez rapidement par deux mulets, ne va dans de tels chemins que de cahots en cahots et de soubresauts en soubresauts. On est tout le temps jeté de droite et de gauche contre les parois de la charrette, soulevé d’en bas, poussé en avant ou ramené en arrière ! On se sent ébranlé jusque dans les moelles ; on finit par avoir tout à l’envers, la tête, le cœur et l’estomac. C’est une torture qui dure tout le voyage. Retardés sur la route par toute sorte d’incidents, des ponts rompus, des charrettes renversées, nous n’arrivons devant