Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/151

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cius, en Chine, est le maître par excellence ; son autorité, depuis plus de deux mille ans qu’elle s’exerce, non-seulement n’a jamais été contestée, mais elle n’a même jamais cessé d’aller en grandissant. Qu’une philosophie reste ainsi maîtresse de l’intelligence d’un peuple pendant un tel laps de temps, marque assez que pour ce peuple c’est ce qui vient du passé qui est le meilleur ; mais on se convainc qu’il en est absolument ainsi quand on voit que Confucius n’a lui-même acquis son autorité qu’en se donnant comme l’interprète de l’esprit des anciens sages, ses devanciers. Dans les préceptes de la morale et de la philosophie de Confucius, les Chinois considèrent donc qu’ils vénèrent, comme le dépôt de la suprême sagesse, quelque chose qui ne date point seulement de Confucius, mais qui par delà lui découle des commencements mêmes de la Chine. Aussi, comme on peut aisément le supposer, l’idée de progrès est-elle une idée qui n’existe pas plus dans l’esprit des Chinois que le mot dans leur langage. Bien faire pour eux n’est pas chercher à faire mieux, transformer, essayer du nouveau ; bien faire est conserver, tenir en état, demeurer dans la voie des ancêtres.