Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après tout, si ce n’étaient là que des idées théoriques renfermées dans les livres, on pourrait penser que la société avec ses besoins de chaque jour trouverait moyen de se développer sans en tenir compte ; mais loin de là, la théorie dans ce cas-ci gouverne absolument les faits, car la constitution particulière qu’a prise la famille est en concordance avec elle, et toute la pratique de la vie en a reçu ainsi comme son diapason.

Le Chinois qui pense en théorie que la sagesse est dans le passé, en pratique est dans un état de servitude morale complète vis-à-vis de ses ancêtres. Le Chinois rend un culte religieux à ses ancêtres. La chapelle des ancêtres se trouve dans la maison de presque tous les membres de la famille, mais, dans tous les cas, toujours dans celle du fils aîné. Au sein des familles riches, c’est un bâtiment séparé ; chez les autres, une chambre à part, ou même, chez les plus pauvres, une simple niche ou étagère. Dans cette chapelle sont exposées les tablettes devant lesquelles se font les exercices du culte. Sur ces tablettes se trouvent gravés le nom de l’ancêtre et sa qualité avec la date de sa naissance et celle de sa mort. On brûle tous les jours devant elles de l’encens et des