Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/158

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loppé, comme cela s’est vu chez tant de peuples dès l’antiquité.

Le souverain qui règne sur la Chine est donc aujourd’hui dans le monde seul de son espèce. Le titre d’empereur sous lequel il est connu en Europe, mot à racine latine improprement appliqué, ne correspond à aucune des conceptions que les Chinois se font de lui. Le souverain de la Chine est appelé par ses sujets houanti, et le houanti n’a point d’égal dans nos civilisations de date moderne ; il n’a pour équivalent que les monarchies de l’ancienne Assyrie et de l’ancienne Perse. Comme pour eux, tous les hommes indistinctement ne sont, pour lui, que la boue d’un même limon ; comme eux il est aux lieu et place du ciel sur la terre, la source de tout droit et de toute justice ; comme eux enfin il passe sa vie au fond d’un palais, invisible à ses sujets ; les Chinois se prosternent encore à ses pieds dans la posture que les bas-reliefs de Ninive donnent aux Assyriens devant Sennachérib.

Si la société chinoise n’a pas su perfectionner sa théorie politique, la même chose lui est arrivée pour les conceptions qui ont trait à la famille. La plupart des anciens peuples ont rendu aux ancêtres un culte