Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/159

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de nature religieuse. Chez les antiques populations latines, en particulier, on voit les ancêtres recevoir un culte fervent, à l’égal des divinités du foyer. La religion des ancêtres apparaît aussi comme une forme religieuse de la primitive humanité, et en effet, à mesure que dans le monde européen les conceptions s’agrandissent, cette religion cesse d’exister et le respect pour les morts prend une forme nouvelle. Mais non point en Chine. Si en Chine la vénération et le culte des ancêtres exercent aux origines un empire absolu sur l’esprit chinois, cet empire ils le possèdent encore aujourd’hui.

Il semble naturel que le père de famille jouisse de son vivant d’une autorité très-grande, chez les peuples où il est honoré d’un culte après la mort. Aussi voyons-nous en même temps dans l’ancienne Rome et en Chine le père exercer dans la famille un pouvoir sans limites. Mais tandis qu’à Rome le progrès du droit romain vient limiter l’autorité du père sur les enfants, en Chine rien de pareil n’a lieu. Dans la Chine agrandie et vieillie, le père conserve tout droit sur ses enfants, ils sont sa chose, il peut les vendre ; tant que le père vit, le fils n’est jamais