Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/175

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s’étend dans les terres pleines d’air, d’espace et d’ombre ; une végétation luxuriante s’y étale de tous côtés ; ses rues, ombragées par le feuillage d’arbres magnifiques, ont l’air de routes tracées dans une forêt des tropiques ; ses maisons, avec portique ou colonnade placées en retrait au milieu de jardins, brillent de toute la propreté hollandaise, L’Européen vit dans ces vastes demeures avec chevaux, voitures et toute une nuée de domestiques ; marcher est ici inconnu, et étendre seulement la main pour prendre quoi que ce soit est absolument hors d’usage.

Les habitants de Batavia sont singulièrement hospitaliers. Nulle part on ne trouve de gens plus empressés pour les étrangers. Batavia date déjà de loin et l’on y rencontre une société assise et policée. Les fonctionnaires et des administrateurs d’un ordre élevé y donnent le ton. Au sein du petit monde ainsi formé, l’âpreté au gain n’est plus l’unique mobile des moindres actes de la vie. Cela repose un instant de ces villes d’Asie qui de nos jours ont poussé comme des champignons sous l’influence européenne et où des gens de toutes les races se sont abattus pour faire fortune à la hâte, n’importe comment. Il est vrai par contre qu’il règne dans les