Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/178

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de nos malles-poste n’ont connu de plus belle vitesse. Cependant nous allons partout trouver des montagnes, alors on attellera quatre, six, jusqu’à douze buffles devant nos chevaux, et, passés d’une vitesse vertigineuse au pas le plus tranquille, nous franchirons les pentes des cols les plus élevés. De Batavia à Buitenzorg c’est l’affaire de quelques heures. A Buitenzorg habite le gouverneur général des Indes néerlandaises, dans une maison bâtie au milieu d’un jardin botanique célèbre. Le jardin mérite sans doute sa célébrité, mais j’avoue que, pour ma part, il m’a laissé assez froid. Il est rempli de palmiers, de bambous, de grandes fougères, c’est-à-dire d’à peu près les mêmes arbres qui poussent libres dans les champs javanais, et alors il vaut autant sortir tout de suite du jardin pour se jeter dans la campagne, qui est ici merveilleuse. Autour de Buitenzorg, l’horizon est fermé par deux volcans éteints, le Gedeck et le Slamat, et les ondulations que fait le terrain, en remontant de la plaine jusqu’à leurs crêtes, étalent aux yeux un amphithéâtre de cultures, d’arbres, de bois d’une puissance de végétation telle, qu’avant d’avoir vu Java on ne saurait la rêver.