Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/221

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faisant la navette entre l’Inde et Ceylan. Tout ce monde venu du dehors est nourri par le dehors ; l’île de Ceylan fournit à peine de quoi alimenter sa population ; le surcroît d’étrangers occupé aux plantations de café doit importer de loin, l’Européen son blé, le coulie son riz.

La culture du café à Ceylan ne présente, dans aucun de ses aspects, le caractère de fixité et de permanence qui est ailleurs le trait même de l’agriculture, et ce caractère, elle ne l’acquerra jamais : la nature des choses s’y oppose. L’arbuste qui donne la graine de café ne vit guère au delà de soixante ans. Lorsqu’on le plante à Ceylan, on doit choisir des terrains boisés qu’on défriche pour la première fois. Pour réussir, on a besoin des sucs tenus en réserve dans une terre non encore cultivée. Quand les sujets d’une plantation arrivent au terme de leur vie naturelle, le sol épuisé ne permet pas une seconde plantation. Les pentes sur lesquelles se fait la culture, au flanc des montagnes, sont du reste si abruptes que les eaux des pluies tropicales entraînent les terres végétales et dénudent partout les roches. Jusqu’à ce jour, on a compensé la diminution de production qui se fait sentir dans certaines vieilles