Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/228

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nourrir ; il ne trouve nulle part de viande d’aucune espèce, car tuer pour se nourrir est une idée abominable, repoussée par toute la population bouddhiste. Cette horreur d’ôter la vie au moindre animal est poussée si loin chez les bouddhistes, que c’est avec la plus grande difficulté que nous parvenons à acheter quelques maigres poulets, et même, dans certains endroits, les gens, sachant le sort que nous leur réservons, se refusent absolument à nous en vendre.

Parmi les animaux qui se montrent à nous de près sans que nous osions les faire figurer sur notre table, sont les singes, que nous rencontrons maintenant en assez grand nombre. Ce n’est pas qu’aucuns ne prétendent que le singe soit un morceau délicat, mais il semble qu’avec les idées actuellement répandues, manger du singe soit presque de l’anthropophagie. Nous nous contentons donc de les contempler et d’étudier leurs mœurs. À Habrana, à Minéri, nous en avions à côté de notre campement des troupes se livrant dans les arbres à des gambades prodigieuses. Ils paraissent former de petites sociétés composées de plusieurs familles et qui vivent dans la forêt à l’état distinct, sans se mêler.