Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/248

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jeune brahmane qui sort d’une école de Madras et qui parle anglais avec une grande pureté. Cela fait un assez drôle d’effet en pareil lieu.

A la tournure de ses explications on pourrait soupçonner notre jeune brahmane d’être assez peu orthodoxe. Il est probable que l’éducation qu’il a reçue a plus ou moins entamé chez lui la foi aux vieilles croyances. Il ne fait nulle difficulté de nous donner force poignées de main, ce qui est une abomination de la part d’un homme de sa caste. Si, comme on le dit, il y a trois catégories à faire parmi les brahmanes, ceux qui repoussent tout contact corporel avec les étrangers comme une affreuse souillure, ceux qui s’y laissent aller, mais qui se hâtent de s’en purifier par des ablutions, et enfin ceux qui ne se préoccupent pas plus des ablutions que de la souillure, il faudrait sans doute ranger notre guide dans cette dernière catégorie des sceptiques et des pervertis.

L’île de Ramisseram n’est, comme l’île de Manar, qu’une sorte de dune ou de banc de sable peu élevé au-dessus du niveau des eaux. Ces deux îles de Manar et de Ramisseram, qui ne sont respectivement séparées des terres de Ceylan et de l’Inde que