Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/25

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a son pied dans l’eau du fossé et s’élève couronnée d’arbres plantés sur le terre-plein. Les arbres du Shiro forment un grand massif qui, dans Yedo, apparaît de toutes les rues comme un fragment de campagne ; mais les taïcouns ne s’étaient pas contentés des bosquets de leur place forte, ils avaient ailleurs, par la ville, maisons de plaisance et résidences d’été. Hamagoten, l’un de ces jardins, est une île entourée de deux côtés par des canaux, et du troisième donnant en plein sur la mer. Les quatre cinquièmes des arbres qui croissent au Japon sont des arbres verts, et à Hamagoten les arbres verts indigènes composent d’admirables massifs. Hamagoten peut être pris comme le type du grand jardin ou parc japonais, et, contrairement à l’idée qu’on s’est longtemps formée de la manière des Japonais de traiter leurs jardins, il n’y a là aucune trace d’arbres torturés ou d’arrangement artificiel de la perspective et du paysage ; au contraire, le style libre et pittoresque du jardin anglais. Les massifs formant rideau, les gros arbres plantés isolément, les rangées du capricieux cèdre japonais combinés avec art, ont certainement d’Hamagoten un des sites les plus charmants que l’on puisse rêver.