Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/26

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Du Shiro et d’Hamagoten à Shiba, la distance est courte, comme l’est celle qui sépare la vie de la mort. A Shiba, les taïcouns sont enterrés dans un grand bois funéraire de pins et de cyprès. Il règne dans le bois un silence solennel qui n’est interrompu que par le croassement des corbeaux ou le cri des faucons. Chaque tombeau comprend un ensemble de constructions dont la pièce principale est une chapelle bouddhiste décorée avec la plus grande richesse. Les tombeaux et le bois qui les enferme sont précédés d’un grand temple bouddhiste, précédé lui-même d’une sorte d’immense porte, appendice obligé de presque tous les temples bouddhistcs. Ce temple avec sa porte peut être pris comme le meilleur type des constructions religieuses de Yedo. Quand on s’arrête pour la première fois en face de lui, on est fort dépaysé. On se trouve en présence d’une architecture absolument nouvelle, ignorant également le grec et le gothique. On se sent enfin on Asie. L’édifice est en bois, en bois laqué en rouge, et ce n’est plus ici le corps même du bâtiment qui est la partie principale et la pièce d’architecture, c’est le toit. C’est donc dans la coupe de la charpente que réside la valeur de ]’ensemble.