Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Depuis que nous avons quitté Kandy, Madura est a première ville réellement importante et animée que nous rencontrions. Les Tamouls, avec lesquels nous avons fait connaissance à Ceylan en qualité de coulies, nous apparaissent ici sous un aspect beaucoup plus brillant. Nous sommes en effet au cœur de leur pays. Prenez une carte : partant du cap Comorin à l’extrémité sud de l’Inde, remontez sur la côte de Coromandel jusqu’à Palicut au nord de Madras, et sur la côte de Malabar jusqu’au nord de Mahé, tirez ensuite une ligne de l’un à l’autre de ces points à travers la péninsule, et vous aurez une sorte de triangle. Dans ce triangle on parle une seule et même langue, le tamoul. C’est une des langues du sud de l’Inde, qui n’a rien à démêler dans ses origines avec le sanscrit. On s’accorde à voir dans les Tamouls une partie des populations qui occupaient l’Inde avant l’arrivée des aryens. Ce qu’il y a de certain, c’est que les hommes au milieu desquels nous nous trouvons sont d’une tout autre race que les Hindous de la vallée du Gange. Ils sont beaucoup plus noirs de peau. On ne voit pas non plus parmi eux de profil grec ni de nez aquilin. Leur visage a quelque chose d’épaté.