Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/279

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chacun, tout petit en soi qu’il est, n’en est pas moins le premier dans son emploi. On dépend de Pondichéry, qui est à trois jours de marche avec des bœufs, à travers le territoire anglais, un voyage qu’on ne fait qu’à la dernière extrémité.

Le sous-lieutenant qui commande les cipayes et le commissaire de police composent à eux deux tout le contingent militaire fourni par la race conquérante. Les cipayes du sous-lieutenant et les policiers du commissaire sont, sans exception, des indigènes. Ces bons cipayes, malgré leur pantalon à la zouave, ont un air paterne qui ôte toute idée qu’ils puissent jamais servir à autre chose qu’à monter la garde à la porte du chef de service. Voici au moins une colonie française où ne fleurit point le militarisme. Un gouvernement dans les mains d’une douzaine d’hommes de race blanche maintenant l’ordre au milieu de cent mille individus de race étrangère est certes un type de gouvernement civil. Quand M. le chef de service fait sa promenade par les rues de sa capitale et va donner au bazar et aux écoles le coup d’œil du maître, sans autre pompe que le parapluie qu’il ouvre contre le soleil, les respects qui l’accueillent partout prouvent que la domination française