Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/293

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de toute la civilisation hindoue ; il n’y aura plus désormais de mouvement ni de développement ; l’Inde, restée en enfance, vieillira immobile, attachée an passé, et, au moment où les Anglais en feront la conquête, le pays, qui, au point de vue politique, est dans un état de décrépitude et d’impuissance complet au point de vue moral, présentera, s’il se peut, le spectacle d’une décrépitude et d’une impuissance encore plus grandes.

Ce qui frappe en effet par-dessus tout dans la civilisation hindoue, c’est le caractère qu’on lui découvre d’un état qui est resté celui de l’enfance, combiné cependant avec tous les signes de la décrépitude. Tout dans l’Inde est rudimentaire. En politique, on ne voit point que l’Hindou soit jamais arrivé à la notion de la patrie ou de la cité, non plus qu’à celle dé droits dans l’ordre civil. Nulle part la société civile n’est parvenue à avoir suffisamment conscience d’elle-même pour s’affirmer à part de la société religieuse ; aussi demeure-t-elle soumise au moule théocratique.

Dans l’ordre éthique, l’Hindou ne possède aucune notion développée de l’idée de justice, aucune conception de droit naturel. Par la caste il établit