Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/307

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dération. Il nous fait voir la ville à dos d’éléphant. C’est tout ce quu’il y a de plus princier et de plus abominable. On ne monte sur la bête, qui cependant s’est accroupie, qu’à l’aide d’une échelle ; quand elle s’est relevée en vous donnant une affreuse secousse, on se croirait au sommet d’une tour branlante, on oscille et la tête vous tourne, Bénarès sert de lieu de résidence et de retraite à un grand nombre de riches Hindous et d’anciens rajahs ; aussi trouvons-nous le soir, chez notre hôte, toute une société de rajahs et de mamamouchis, affublés de turbans, de cachemires, d’étoffes de brocart et d’or, à faire pâmer d’aise les amateurs de pittoresque.

Nous faisons visite au fils du rajah dans le palais que possède le père, à Ramnagmihr. Le jeune prince, qui a l’air de tenir beaucoup à l’étiquette, a pris pour nous recevoir ses plus beaux atours ; il s’est mis sur la tête une aigrette de magnifiques rubis. Nous le trouvons assis en cérémonie, avec les gens de sa suite alignés à ses côtés ; debout devant lui sont deux porte-masse et un grand bel homme magnifiquement costumé, une sorte de tambour-major, qui tient à la main un glaive dans un fourreau de velours vert. Tout cet appareil nous avait fait craindre