Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/33

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chands européens. Il nous conduit chez un certain Yaki, une sorte de commissaire-priseur japonais. Sur le bruit de nos acquisitions, la maison de Yaki est devenue le rendez-vous de tous les marchands, courtiers et commissionnaires de Yedo.

Nous arrivons au bon moment pour faire une récolte sans pareille. La révolution politique amène les daïmios à se défaire des objets d’art dont ils sont détenteurs, et la chute des taïcouns, qui étaient les soutiens les plus fervents de la religion bouddhiste, a causé la dispersion d’un grand nombre d’objets immobilisés par la piété dans les temples. Tous les jours chez Yaki on nous apporte des bronzes par centaines. Nous faisons un triage, un lot, un prix en bloc, et notre collection grossit à vue d’œil.

Voyant notre appétit insatiable et surtout s’apercevant que plus les pièces sont grosses plus elles nous plaisent, les gens qui sont en quête pour nous, nous conduisent à Megouro, dans la banlieue de Yedo ; au milieu de jardins maraîchers ils nous montrent un énorme Bouddha. Autrefois il y avait là un temple, mais un incendie l’a détruit, et depuis des années le Bouddha délaissé reste perdu au milieu des arbres et des chaumières. Pour des collectionneurs,