Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/34

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c’était là une trouvaille sans pareille, et l’emporter était un exploit.

On va quérir le propriétaire du lieu ; il consent à vendre le Bouddha, marché est fait ; un marteau et des pinces sont apportés séance tenante, et la main droite que le Bouddha étend en avant, d’un geste accentué, est détachée du bras auquel elle est rivée et emportée par nous. C’est déjà quelque chose que d’avoir la main. Il est tard, nous rentrons à Yedo. Le lendemain, tout un bataillon de manœuvres et d’ouvriers est envoyé chercher le Bouddha. Nous avions jugé prudent de ne point nous joindre à eux, pensant que la meilleure chance de mener à bien l’opération était de laisser ignorer au profit de qui elle se faisait. Bien nous prit de l’idée. Nos ouvriers démontent avec célérité les parties de la statue, et le soir même le tout, apporté sur charrettes, est déposé dans la cour de Yaki en attendant l’emballage, que nous allons hâter. La nouvelle du transport du Bouddha ne s’est pas plus tôt répandue que tout le pays à l’entour est en émoi. Le lendemain nous voyons venir vers nous en suppliants une bande de gens petits et grands qui s’accroupissent à terre dans la rue, en face de notre hôtel. Ils nous