Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/362

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sons et des chalets pittoresques pour les fonctionnaires et les officiers. On est fort étonné de rencontrer ainsi une oasis de verdure et de civilisation, s’élevant à trois ou quatre mille pieds, du milieu du désert et de la barbarie.

Nous trouvons ici à nous ravitailler, ce dont nous avions grand besoin. Nous ne pouvons cependant nous procurer de bœuf, car on n’en tue point. Il faut nous contenter de mouton. Le bœuf est vraiment dans l’Inde un animal privilégié. Avant l’arrivée des mahométans et des Anglais, personne n’avait jamais pensé à le manger ; les gens de religion brahmanique et bouddhique, si ennemis sur tant de points, s’entendaient pourtant sur celui-là, et depuis, toutes les sectes écloses dans l’Inde, les jaïns, les sickhs, ont continué à voir dans l’abatage d’un bœuf ou d’une vache un acte abominable. Encore aujourd’hui, dans les villes de l’Inde, les boucheries où l’on tient du bœuf pour les Européens sont le plus possible placées à l’écart.

Partout cependant les Anglais dans l’Inde mangent du bœuf, partout, excepté au mont Abou. Ici prohibition absolue, de par un traité spécial passé par la compagnie des Indes avec le rao de Sirohi,