Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/46

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les troupes du taïcoun résistent mollement ou se débandent. Les partisans du taïcoun n’opposent que dans le nord une résistance sérieuse, à la fin cependant absolument domptée, et maintenant le mikado règne seul, installé à Yedo, dans l’ancien château des taïcouns.

Cependant la révolution ne devait pas se borner substituer à la tête du gouvernement le mikado au taïcoun, elle devait aller plus loin et s’attaquer au système féodal lui-même. Le taïcoun au pouvoir était le chef de seigneurs féodaux possesseurs, chacun dans sa terre, d’une véritable souveraineté ; le mikado sera un roi ayant brisé le pouvoir des seigneurs féodaux et exerçant lui-même ou par ses agents une autorité directe sur toutes les parties du pays. C’est-à-dire que la révolution qui s’opère en ce moment au Japon est d’un ordre analogue à celle qui, au xvie siècle, a substitué presque partout, en Europe, la domination de la royauté à celle de la féodalité.

La disparition de chefs féodaux a été aussi soudaine qu’absolue. Nulle part ailleurs une pareille révolution ne s’est accomplie en si peu de temps. Il y a quinze ans, les premiers Européens qui ont