Page:Duret - Voyage en Asie.djvu/47

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connu le Japon se le rappellent partagé entre de véritables princes indépendants, ayant leurs flottes, leurs villes fortes, leurs armées. Yedo était rempli de yashkis où chaque daïmio entretenait une garnison à lui, Les daïmios, portés en palanquin, n’apparaissaient dans les rues qu’entourés d’une escorte d’hommes à sabre et de serviteurs, et sur leur passage le peuple tombait à genoux. Aujourd’hui flottes et armées ont disparu ; à Yedo, les yashkis sont rasées ou tombent en ruines ; les samouraï ont dû quitter leurs sabres, et pour vivre se font boutiquiers ou retournent à la charrue.

Le fruit était sans doute mûr depuis longtemps et il ne fallait qu’une circonstance pour amener sa chute. Cette circonstance parait avoir été la transformation économique qui a suivi l’ouverture du Japon aux étrangers. Les daïmios, qui autrefois avaient des soldats armés de flèches, se sont ruinés en achetant les nouveaux engins de guerre, bateaux à vapeur, fusils, canons rayés ; en outre, le prix de toutes choses s’étant énormément accru, ils n’ont pu continuer à entretenir leurs bandes armées. Le système féodal est donc irrévocablement détruit au Japon, et en son lieu nous voyons surgir